comme promis (spéciale dédicasse à elghazala!), voici le post où tout a basculé...
une lettre qui sera suivie de ma réponse, qui en aurait choqué plus d'un (coincé).
Lettre ouverte aux Démocrates....Nadia YassineDe la Démautocratie
Lettre ouverte aux Démocrates. (pas vertueux cette fois)
Il paraît que je suis une Cassandre sans foi ni loi qui ose prédire que les systèmes qui n’évoluent pas ne peuvent que dépérir.
Il paraît que je me suis dévoilée en disant que la République me semblait plus proche du régime instauré par le Prophète de l’Islam.
Il paraît que j’ai commis un crime de lèse-majesté en croyant que la liberté d’expression est un acquis au Maroc.
Il paraît que je fais des décolorations au sommet et que je fais virer le rouge au vert.
Il paraît que j’ai été reçue en grande pompe à l’université de Berkeley.
C’est de loin le plus grand fou-rire de ma vie. A croire qu’une certaine élite est juste bonne à produire des ragots et à pondre des pétitions.
Ignorantus , ignoranta, ignorantum. Berkeley n’est pas le département d’Etat. Les gens cultivés savent que c’est le fief de l’opposition à la politique des néocons.
Toujours est-il que mes propos que, comble de stupeur, je répète depuis des décennies ont déclenché un véritable tsunami dans les médias nationaux.
C’est d’une cocasserie sans précédent de voir comment le foisonnement partisan et la multiplication des tribunes ne sont en fait qu’un leurre et qu’une panoplie de tue-l’ennui en attendant la caravane propice qui permettrait de retrouver officiellement une unanimité jamais perdue en fait. Car à quoi comparer ce lynchage médiatique sinon à un profond dépit qu’une troupe théâtrale où chacun aurait son petit rôle, éprouverait devant l’irruption d’un intrus venu côté cour pour déclamer une rengaine qui ne rime pas avec le texte bien rodé de la comédie.
Qu’il est délicieux de voir ce que vaut la liberté d’expression chez nos très spéciaux démocrates. Je ne suis pas sûre d’être une Cassandre mais je suis sûre de ma vocation de Pygmalion, parce que subitement la presse nationale terne souvent, mortelle parfois, devient brillante tant au point de vue de la forme que du contenu (avec tout le respect que je dois aux journalistes qui se respectent, et ils existent, et à la tribune qui me publie par respect de la liberté d’expression). Les effets de style se sont déclenchés, les analyses soutenues avec citations historiques et références académiques fusent et, miracle, quelques torchons d’hier ont pris des allures du « Monde diplomatique » en matière de méninges remuées ; du jamais vu.
C’est un vrai service public rendu aux sphères « pensantes » s’il en existe (pansantes est plus adéquat comme terme) qui se sont mises gratuitement au service des sphères «dépensantes » ; gratuitement …peut-être pas ?
Combien de vocations occultées disais-je ont vu le jour plût à Dieu ; qui se découvre des talents de tribun convaincu de la véracité de ses …inepties ; qui se découvre des élans du cœur pour ce qu’il reniait hier ; qui se découvre machiste après avoir toujours cru qu’il était « progressiste » « féministe » et préfère me voir faire du couscous (ce qui m’arrive souvent Et que je revendique autant que mon interview) ; qui se découvre nostalgique de Tazmamart ; qui se découvre bourreau …qui pousse la barre jusqu’à dire un chouia de bien de mon père juste pour m’isoler encore plus et me lyncher encore mieux. Non pas qu’on aime ce père que l’on déclare mourant mais parce que certainement nos références religieuses nous enseignent d’être indulgents avec les morts. Il est vrai que tous ne sont pas branchés sur le net pour discerner les morts des vivants… Mais tous sont devenus plus branchés sur les références religieuses que les islamistes que l’on fustige pour cela ; plus royaliste que le roi, plus extrémistes que les extrêmes.
C’est du délire khobzite (khobz = pain) qui dépasse les frontières jusqu’à toucher le petit Thierry Oberlé du Figaro -de quoi- je -me mêle, qui lui pourtant mange de la pastilla par procuration. Le Maroc n’est plus à la droite française je pense …Corrigez –moi ! vous restez dans la marge.
Bref, une vraie catharsis qui a sorti tout un petit monde de sa schizophrénie non déclarée.
Et moi qui croyais avoir fait un petit entretien routinier ! Un vrai service national de mise à niveau (très bas certes mais mise à niveau quand même). A moins que ce ne soit un service de diversion dans laquelle le Makhzen est l’as des as, le champion absolu. Jetez moi en prison ! Plus aucune diversion n’est possible ; votre bilan est bouclé.
Décidément une certaine élite marocaine n’a pas beaucoup d’atouts à part celui de surprendre encore et toujours et d’être là où on ne l’attend pas comme le « petit Bouddha farceur » « Cf. émission M6 culture pub)
On devrait me décorer ; on me juge. Car tous ne se découvrent-ils pas unis devant l’Histoire pour dire OUI à l’autocratie, au fouet, à la répression et NON à la liberté d’expression.
On rue, on me hue, on me hait, on m’accuse de tous les maux, de toutes les tares, juste parce qu’on découvre que ceux qui sont censés dans les discours préétablis être les ennemis de la démocratie en sont les vrais dépositaires, et ne se contentent pas d’encenser la liberté d’expression pour les besoins d’une « ère nouvelle ». Ils la vivent jusqu’à la lie et croient qu’elle est inhérente à leur vision du pouvoir islamique. Ce pouvoir que les Omeyyades se sont chargés d’effacer dans nos mémoires jusqu’à nous laisser 14 siècles après, et encore, des chiffes molles à vocation de paillasson.
La démocratie, messieurs les démocrates, et ne vous en déplaise, est d’abord une question de courage.
Le régime et l’unité nationale sont à ce point fragilisés à vos yeux de démocrates douteux et dubitatifs pour qu’on choisisse mon intervention dans un journal émergent afin de se faire des câlins patriotiques et s’auto- flageller pour ce qu’on pourrait vous soupçonner de penser. A défaut de jouer le rôle que vous prétendez jouer, de membres de la société civile et de partisans convaincus, vous vous contentez de tirer sur tout ce qui bouge vraiment. Wallahila akhir zamane hada!… Je préfère encore la prison pour me démarquer d’une telle sinistrose intellectuelle.
Quelle magnifique révélation que ce tsunami dans un verre d’eau que mon avis a déclenché ! Si je me suis dévoilée comme ont dit nos chers démocrates que l’on sait déjà éradicateurs ; eux, se sont complètement démasqués : c’est un match nul..lissime.
On comprendra pourquoi j’ai préféré être « islamiste » ; car en plus de l’accès au sens de cette vie où vous avez des rôles pas trop reluisants ; c’était le seul moyen de rencontrer la démocratie dans un pays où la démocratie est orpheline de ses démocrates et les démocrates baillôneurs et liberticides.
On sait maintenant que nos Démocrates ne le sont que dans leur intention (inchallah), qu’ils sont laïcs quand c’est nécessaire, autocrates toujours , violents de nature ; quelle Chimère! Mais le Maroc n’est-il pas la terre des paradoxes et des énigmes ?
Parce que le Maroc le vaut bien, c’est lui s’il vous plaît qui a donné naissance à un nouveau concept dans le monde des idées politiques, et qu’on ne vienne pas nous le voler : le Maroc est le père de la démotaucratie ; notez le bien ! Faisons une pétition citoyenne !!!
Démocrates marocains laïcs, autocrates et liberticides unissons nous contre le rapt de nos réalités uniques et déposons notre marque politique avant qu’on nous la ravisse ; c’est une vraie merveille dans le domaine de l’ « ijtihad » politique. Mais ne vous en faites pas ? personne ne peut faire mieux que nous ; notre créature est trop spéciale.
Cela ne valait-il pas mille procès et même la potence ? Ce n’est pas tous les jours qu’un simple avis politique se transforme en une maïeutique de l’insolite aussi efficace.
Cela ne valait-il pas mille procès ? Démasquer la comédie du siècle et puis mourir … Suite au procès… Et je tire mon irrévérence à messieurs les démotaucrates que j’ai dérangé dans leur prestation ubuesque...
A plus…
A moins que…
Nadia Yassine
تاريخ النشر : 22/06/2005
Source : [
www.aljamaa.com]