Le cannabis marocain: Un marché de 116 milliards de DH!
· Culture: La superficie recule de 10%
· Une stratégie antidrogue se met en place
· Larache déclarée province sans cannabis
LA lutte contre la drogue s’organise. Ainsi, le ministère de l’Intérieur a mis en place les premiers jalons d’une stratégie nationale destinée à endiguer ce fléau.
Pour souligner ses contours, une conférence de presse a été donnée par Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, en charge de ce dossier, et Driss Benhima, DG de l’Agence de développement du Nord. Cette stratégie vise à réduire progressivement l’offre et la demande en cannabis.
Ainsi, les pouvoirs publics ont saisi en 2004 pas moins de 318 tonnes de kif et 87 tonnes de chira (67 tonnes rien que pour le premier semestre de 2005). Ils ont aussi détruit 7.000 ha de cannabis dans trois provinces.
La lutte contre les réseaux qui opèrent dans ce trafic n’est pas en reste. 687 personnes ont été interpellées dont 35% sont des étrangers.
Zerouali, dira que cette rencontre avec la presse fait suite à une réunion organisée avec les ambassadeurs des pays de l’Union européenne et celui des Etats-Unis le matin même. Pour lui, cette stratégie a été élaborée à partir de 2004, sur la base des recommandations de l’Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime.
· 96.000 familles
Selon Benhima, la superficie consacrée à la culture du cannabis est estimée à 120.500 hectares, en recul de près de 10% par rapport à l’année dernière (134.000 ha). Le DG de l’Agence précise que les techniques de mesure s’améliorent d’année en année. Mais il faudra attendre 4 à 5 ans pour arriver à des chiffres plus précis. Une chose est sûre, cette tendance à la baisse doit être relevée. Elle s’explique en partie par la sécheresse mais aussi par les différentes actions dissuasives menées par les pouvoirs publics.
En tout cas, 96.000 familles vivent de cette culture, soit près de 800.000 habitants. C’est pour cela que les revenus générés par le cannabis s’élèvent à près de 3 milliards de DH. Les revenus du cannabis représentent moins de 2% du PIB agricole. Mais, les meilleures rétributions sont ailleurs. Dans les pays européens, le chiffre d’affaires du marché du haschich d’origine marocaine donne le vertige: 10,8 milliards d’euros, soit plus de 116 milliards de DH, presque le budget de l’Etat.
Par rapport à cette manne d’argent, les 40 millions de DH mobilisés dans le cadre de la coopération internationale pour lutter contre la drogue sont insignifiants. L’Union européenne devra faire plus d’efforts dans l’appui technique et financier. Dans cette histoire, la responsabilité partagée des pays du Nord n’est plus à démontrer. Leurs ministres de l’Intérieur le reconnaissent depuis quelques années. Mais ils ne font pas assez d’efforts pour concrétiser ce principe de responsabilité partagée. La tâche n’est pas facile.
Le Maroc seul ne peut faire face tellement les moyens matériels à mettre en œuvre sont colossaux. Rien que la dernière opération de destruction des champs de cannabis a coûté 16 millions de DH, sans compter les salaires du personnel de l’Etat mis à contribution.
Les dégâts que cette culture a sur l’environnement sont énormes. En 30 ans, la superficie des forêts dans le Rif central a reculé de 40% à cause de la culture du cannabis. Benhima nuance les effets de la sécheresse. Celle-ci produit l’exode rural alors que dans le Rif central, elle est à l’origine de la reconversion des cultures traditionnelles vers le cannabis. Cela induit une forte densité des populations dans ces régions enclavées, qui est similaire à d’autres régions comme Kénitra par exemple.
source : l'économiste
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