Du poulet, j’en veux encore!
· L’assiette est plus diversifiée
· La viande rouge toujours prisée
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Savoir ce que le Marocain met dans son assiette renseigne sur l’évolution de la société et ses déficits. Et il y en a beaucoup. Quand 10% des plus riches «avalent» 1/3 de la consommation de tout le pays, quand un rural n’a que 15 DH par jour pour vivre, il y a malaise.
Si dans les campagnes, on dépense moins qu’en ville, il n’en demeure pas moins que l’alimentation occupe une place de choix. Elle représente, quel que soit le revenu, 50% en milieu rural et 37,9% chez les citadins.
Globalement, l’assiette du consommateur est moins sucrée, plus grasse, plus riche en protéines animales et en légumes. La nourriture est plus diversifiée et même mieux équilibrée, en atteste la montée en flèche des viandes blanches en particulier chez les citadins. Le poulet et la dinde constituent une alternative non négligeable à la hausse des prix du mouton et autre bœuf. En effet, et comme partout dans le monde, l’aviculture utilitaire occupe au Maroc une place importante dans les sources de revenu agricole. Pondeuses, tendres coquelets et dindonneaux ne font pas seulement les délices de chacun, mais, multipliés, ils sont aussi économiques et assurent le quotidien des consommateurs. Le phénomène est relativement récent chez nous surtout pour la dinde et est dû à la baisse du pouvoir d’achat mais aussi au changement des habitudes alimentaires. Pauvre en graisse, riche en protéines, facile et rapide à cuisiner, la viande de volaille a rapidement fait sa place dans les menus. Un pic est enregistré l’été avec les mariages et l’arrivée des MRE.
Les aviculteurs soutiennent que c’est aujourd’hui la première viande consommée depuis 2003. Avec une production de 320.000 tonnes et 3 milliards d’œufs, l’aviculture couvre 100% de la demande, soit un peu plus de 50% de la consommation totale toutes viandes confondues. Même si l’enquête ne le montre pas puisqu’elle couvre la période 2000-2001, cette tendance s’explique par le souci de la ligne mais surtout de la santé avec la hausse du cholestérol et diabète entre autres. Etrangement, la consommation moyenne d’huile a augmenté de 14,5 litres par tête et par an en 1985 à 17 litres en 2001.
La charcuterie qui profite du boom de la volaille gagne du terrain. Aujourd’hui, dans les grandes surfaces et autres boucheries, celle-ci est bien mise en évidence. Les producteurs ont envahi les rayons même si l’enquête révèle une baisse de consommation dans les villes. Manque de vision ou réponse à une demande réelle? Peut-être qu’entre-temps, les consommateurs en sont devenus plus friands avec la diversification de l’offre. Et qu’ils sont plus confiants dans la qualité. Certes, les fabricants ont investi énormément dans les normes HACCP et ISO. Le marché en avait bien besoin après le scandale de la mortadelle en 1999.
Fatima EL OUAFI
de chez l"economiste
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