Un blessé descendu par brancard de la montagne jusqu'à Balakot le 17 octobre
Ils arrivent sur des brancards de fortune, après parfois des jours de marche. Blessés, affaiblis, à l'agonie, mais tout de même chanceux: ces survivants du séisme du 8 octobre dans le nord du Pakistan ont réussi à quitter leurs villages de montagne.
Des centaines, voire des milliers d'autres, immobilisés dans ces montagnes du Cachemire, meurent tous les jours faute de soins, selon des médecins qui sont parvenus à en soigner quelques-uns.
A Ghari Dupatta, le long de la rivière Jhelum qui descend du Cachemire indien vers Muzaffarabad, la capitale-martyre du Cachemire pakistanais, le docteur Noor Rahman fait partie d'une équipe de trente médecins venus d'Afghanistan pour participer aux secours. Avec leurs collègues pakistanais, ils ont déjà soigné plus de 300 blessés descendus des montagnes. La plupart, explique-t-il près des hélicoptères grâce auxquels les blessés les plus graves se préparent à être évacués, ont été descendus à dos d'homme, le long des sentiers balayés par le tremblement de terre.
Venus des hameaux des sommets, les hommes ont les mêmes mots: aucune aide dans leur village, des blessés, rien à manger, pas de toit sous lequel passer la nuit, pas de couverture pour se réchauffer. Cinq personnes arrivent près de l'hélicoptère, portant un brancard où reposent une mère et ses deux enfants: "ma femme est paralysée, mon fils a une jambe cassée et ma fille des blessures à la tête", explique, défait, Mohammed Yaqoob, 42 ans. "Depuis hier on les transporte depuis Paschi", un des villages des coteaux de la vallée de la Jhelum. "On ne s'est même pas arrêté la nuit". Sur les flancs de la montagne tout n'est que ruine. Les étables sont noyées dans la boue, les maisons ont comme explosé, leurs pierres éparpillées sur les pentes, leur toit de tôle froissé comme par une main de fer.
Chaque famille a son histoire.
"Cinq membres de ma famille sont morts ici", explique Faizal Khalid devant ce qu'il reste de sa maison. "Maintenant, on vit ici", se lamente-t-il en montrant la cahute de bois qu'il a montée en utilisant les débris abandonnés par le séisme. Des glissements de terrain ont emporté ses champs de maïs et les bêtes de son troupeau ont été ensevelies sous la boue. Il a réussi à apporter un peu de vivres de Tanale, un bourg voisin où un centre de secours s'est monté. "Assez pour huit jours", estime-t-il.
Plus haut dans la montagne, les destructions sont encore plus importantes, expliquent les villageois. Mais, assurent-ils, les blessés ont été descendus vers Ghari Dupatta, dans l'espoir d'être héliportés vers Islamabad où d'autre centres urbains. "Ils ont tous été descendus", affirme Fatima Jan, en ajoutant qu'avec ce qui reste de sa famille - trois sont morts - elle espère aller, avant que l'hiver ne s'installe, à Muzaffarabad où elle ne trouvera pourtant que des ruines.
Des médecins du groupe B-Fast (Belgian First Aid and Support Team) expliquent qu'ils ont parcouru plusieurs villages des alentours de Ghari Dupatta et qu'ils n'ont trouvé aucun blessé grave. "Nous avons traité des blessures mineures et effectué quelques vaccinations. Mais il semble que tous les blessés graves aient été descendus par leur famille et leurs amis", explique le docteur Stéphanie de Loof. "Mais si l'on en juge par l'état des blessés qui continuent d'arriver des villages situés encore plus haut, il reste encore beaucoup, beaucoup de souffrances", ajoute son collègue du B-Fast Thomas Opgenhaffen.
Source : AFP
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